Graphisme - Photographie - Illustration

Le faux débat Jpeg et DRMs

Ce jour j’ai lu les différentes news liées au Joint Photographic Experts Group et son projet d’intégrer des DRMs dans les fichiers images. J’avoue en rire encore ce soir. Explications…

 

A l’origine, le JPE Group était un soi disant consortium de professionnels de l’image inquiets d’offrir des versions numériques adaptées des courantes versions analogiques de l’époque.  Le regroupement a rapidement basculé dans le centre d’intérêts d’industriels qui ne s’inquiétaient pas tant des problèmes réels du créateur de médias que de l’intérêt de normes pour l’électronique grand public.

Reste que par force tricots autour de l’algorithme de Fibonacci ces gens là ont réussi à nous sortir le .JPG, norme d’images à ce jour la plus répandue sur les réseaux. Une façon d’encoder les visuels géniale, permettant à la fois de palier les redoutables faibles débits réseaux de l’époque tout en laissant à l’auteur un choix  dans le niveau de dégradation de son visuel pour en alléger le poids. Trente cinq ans après son apparition, le .JPG trône toujours bien qu’ayant très peu évolué.

On lui a bien rajouté les données EXIF dans les années 1995, ces fameuses méta-données qu’aiment tant sucer vos réseaux sociaux et autres Big Data Gobeurs mais aucune évolution majeure concernant l’encodage. Aujourd’hui le JPE Group (j’aime bien différencier ;)) revient sur le devant de la scène avec la proposition d’inclure des DRMs dans ces fichiers. Pour le novice le DRM est un verrou permettant de contrôler arbitrairement un fichier en limitant les choix de l’utilisateur. En ce 15 octobre 2015 tout cela fait fort polémique. Et pour rien. Je vais vous expliquer pourquoi.

 

Modern cyber fashioned male looking to escape from a circuitry motherboard, composite by Kyesos

Je n’ai aucun préjugé face au fait que les entreprises fassent du bénéfice. C’est tout à fait normal et sans ça, on ne pourrait pas profiter des améliorations et nouvelles choses qu’elles développent pour l’efficacité, le confort ou même le plaisir. Mais ce que ce groupe d’industriels essai d’introduire c’est juste un inutile intermédiaire supplémentaire dans une chaine qui depuis des décennies n’a toujours pas de distribution cohérente : l’image.

Chocolate made space invaders made for Easter in close up by Kyesos

Aujourd’hui fabriquer de l’image semble facile. Quasiment à la portée de tout le monde pour une utilisation basique. On ne compte plus les Instagrams sur-fréquentés et autres Clouds à visuels narcisso-populaires. Pourtant derrière, super mal référencées par Google, des galeries d’artistes indépendants remarquables popent à chaque minute sur le réseau. Et ça, ça se noie dans le brouhaha média qu’est internet. Reconnu ou pas, un auteur d’images reste à la base isolé de son public s’il ne se donne pas la peine d’aller le chercher.

Je suis un peu long mais j’aimerais faire comprendre ma démarche. Nous, les « fabricateurs d’images », n’avons généralement aucune rancune à ce que Mme Michu imprime des sets de tables avec un de nos visuels emprunté pour l’anniversaire du petit. Ou que machin, ce teenager un peu fougueux, pique la meilleure rés’ qu’il ait trouvé d’une de nos photos pour s’en faire un t-shirt. Gros #OSEF. Non. Nous ce qui nous inquiète d’avantage ce sont ces gens du média et autres Getty, Fotolia et consorts qui, persuadés que 10.000 mots clés valent mieux qu’une image, nous fusillent le marché. Et n’hésitent pas à venir taper ou faire reproduire ce qu’ils n’ont à aucun moment l’idée de rétribuer sérieusement : les choses nouvelles ; ce qu’on fabrique nous ;).

Dark bird watching over the valley by Kyesos

Alors expliquez moi maintenant comment nous, Fabricateurs d’images, on serait gênés que les gens nous piquent nos .JPG posés avec attention, et volonté surtout, un peu partout sur le Net ? On sait poser nos logos et signatures pour encombrer une image. On sait, pour les plus paranos, intégrer un filigrane. On sait, pour les moins friqué, mettre en ligne une version sous cadrée pour garantir notre propriété. Et on sait par dessus tout que tant qu’à ce qu’un public voit l’Image, autant qu’elle soit dans sa plus belle splendeur ! #CQFD

Donc le principe d’intégrer un damné DRM dans le .JPG est tout simplement une ineptie ! Selon le projet en cours, il conviendrait d’afficher une image plus ou moins dégradée de l’œuvre selon les droits de l’utilisateur en bout de chaine. … … … oui, moi aussi comme toi je réalise que des gens sont prêts à n’importe quoi pour créer de l’emploi artificiel dans la gestion et la paperasse, faire leur fric et mieux faire crever d’autres activités. (je ne mets pas #CQFD² mais pas l’envie qui manque 😉 )

Honnêtement, moi comme n’importe qui d’autre, si on me propose de montrer, partager une image, j’ai envie qu’elle soit belle. C’est naturel. De surcroit, si je suis spectateur j’ai envie de voir un truc tel qu’il est à l’origine ou au moins au plus près. Pas me casser le neurone à me demander si c’est mon écran qui merde, ou mon provider, ou ce p*tain d’organisme de grattes-papier qui ne sait même pas mettre à jour ses databases de droits ! On va où là ?????

Sweet one colour variant of mountains showing Beauges, France, by Kyesos

Désolé. Désolé pour ce nouveau coup de gueule, ça ne fait jamais très propre sur un site pro. Mais là la comédie présentée par le JPE Group n’a même pas lieu d’avoir l’honneur d’une représentation. Nos besoins à nous auteurs sont clairs : avoir un format de fichier image facile d’utilisation qui offre une représentation cohérente de nos créations. Un format de fichier qui pourrait être un poil plus intelligent pour anticiper ses utilisations soit web soit papier par exemple. Un format avec contact intégré vers l’auteur, ça ne doit pas demander un doctorat en nucléaire non, vous avez même débuté un peu avec l’EXIF ? Un truc toujours aussi simple, peut être avec un mode pro si ça vous amuse et que vous voulez rentabiliser avec du Cloud à vendre par exemple mais par pitié : plus jamais ne serait-ce que l’idée de DRMs sur le .JPG. Merci.

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