Graphisme - Photographie - Illustration

Call of the wild…

Il y a des choses moins évidentes que la moyenne à partager. Parce qu’elle ne font pas partie de ces pommades qu’on applique quand on souhaite que tout se passe bien. Que chacun ait l’espace nécessaire pour laisser briller sa petite bulle d’individualité. Que le monde soit en symbiose avec d’horribles créatures de fourrure aux couleurs bariolées qui menacent chaque citoyen d’un bisou à n’importe quel instant de la journée.

Je ne prend pas les pincettes pour rien. Le sujet que je vais aborder mériterait d’être étoffé d’autres échos, similaires ou différents. Mais ça reste difficile en 2017 d’expliquer aux gens qui se prétendent liés aux domaines artistiques ô combien d’entre eux n’ont rien à faire en ces espaces. Et que leur illusions d’originalité est probablement d’avantage liée aux capacités hautement évoluées de leur matériel courant plutôt qu’a une inspiration envoûtante qui au final… ne tient qu’a 4 chiffres après avoir inséré une carte bleue.

Oui, le Bobo-Artiste est une plaie.

 

Un apéro trop poussé et c’est parti : il va vous narrer cet inédit de son cru, pourtant déjà fait moult fois par d’autres s’il avait ne serait-ce qu’une notion d’histoire de l’art. Il vous enivrera probablement de détails techniques, récupérés au gré de tutoriaux web parcourus, pour justifier de la valeur de son non-travail. Quoi que l’audience en dise ou pense, il restera persuadé d’être tel le messie dans ce monde aveugle et vous aurez bien raison d’interpeler le garçon pour réclamer la tournée suivante.

Très honnêtement, je ne cible pas les Bobos-Artistes dans ce billet, mais plutôt le global du marché média. Pourquoi ? Parce que souvent je m’interroge sur ce qui permet de différencier le travail de la fumisterie. Nous sommes dans une époque où la simple illustration, bossée tout de même 1 mois 1/2 à l’aérographe à l’époque, n’est désormais qu’un des 24 frames qui composent l’image d’un film de 2H30. Il y a moyen de se poser des questions quand on voit les petits 40 ans qui séparent les deux trucs…

 

Mon idée, c’est qu’a trop avoir d’outils qui nous mâchent le travail on devient laxiste. La facilité à portée de doigts est une évidence et bien que n’ayant pas de compte Facebook, j’imagine toutes ces personnes qui se persuadent d’être dans la création alors qu’elles ne font que des manipulations grotesques autour de visuels issus de la généreuse manne du « pas exprès ». Le spontané c’est chouette ! Tant qu’on ne l’a pas altéré avec X maquillages pour que ça pète au max sur un écran en voulant se faire lécher à coups de Likes. CQFD.

Je dérive plus loin : vous avez remarqué l’hyper saturation des couleurs des images web ces 10 dernières années ? Genre, si vous ne connaissez pas le monde de l’imprimerie, laissez moi vous informer qu’il y a des tas de nuances du spectre sur écran qu’on ne sait pas reproduire sur papier. Et tout le monde en bouffe sur PC, sur smartphone, de ces visuels maquillés comme des prostituées un soir de fête nationale. Vous sentez le côté inquiétant, non ?

Parfois, j’en viens à me demander si nous ne sommes pas entrés dans une période de régression de nos sens. Les images ? hyper saturées. A se demander si nos yeux ne vont pas finir par se contenter de 64 couleurs. Et dans les domaines voisins c’est pareil : les sons ? Hyper compressés, genre nuances de fond et amplitude bein tu fais une croix dessus ; le spectre est constant, comme si c’était important qu’une courbe d’oscilloscope remplisse un max au détriment des émotions. #TrucDeDingue

 

Dans ces circonstances, je suis très heureux de te présenter (re’ pour les fidèles ;)) cette image : « Call of the wild » car elle avait absolument TOUT de ce qu’elle n’affiche PASs au final. Le matériel déjà était lié à une époque, cette période où le numérique courant trainait encore dans des résolutions chiasseuses sur des bases de capteurs vidéo CCD pas vraiment faits pour la subtilité de grain de l’image statique. J’aimais bien ça : se sortir les doigts pour arriver à faire les mêmes images que ces gens avec du matos dit « pro » et le dédain qui va avec. Le visuel de cet article a une résolution & définition minable. D’origine il est terne. Un peu sous exposé. Et je ne m’engage pas sur la colorimétrie… et pourtant voilà.

Il y a des gens qui bossent, pas trop intéressés par la réunion de fan-base ou le refourguage de leurs bas de gamme en « travaux commerciaux ». Ils n’ont pas les moyens de faire mieux que ce qu’ils font, mais en fait ils sont déjà à 300% si on compare avec les pépères sponsorisés qui bossent leur gras en studio et avec sponsors. Ils n’ont pas la prétention d’avoir inventé, ce truc qu’un vampire du marketing piquera un jour en douce pour le caser avec opportunité. Quand ils déclarent que c’est leur seule compétence, créer, on les regarde avec crédulité quand on ne les prends carrément pas pour des demeurés. Être créatif et prétendre que c’est son métier, c’est un peu comme avancer dans l’œil d’un cyclone qui serait préalablement passé sur quelques grosses stations d’épuration…

 

Cette image je la voulais et à la base : elle était ratée.

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