Graphisme - Photographie - Illustration

Hey, j’ai des potes en taule !

S’il est une catégorie de jouets devenus quasi-incontournables durant le XXe siècle, se sont bien les robots. Charmants, étonnants ou terrifiants, ils ont tous à un moment ou un autre titillé la curiosité d’un môme, vous, moi.

Robby robot and moon transporter from Fordidden Planet movie in a sophisticated photo shot by Kyesos

Robby le Robot / Forbidden Planet

Le chef-d’oeuvre de Ray Rohr qui popularisa les êtres mécaniques

 

L’histoire remonte relativement loin, avec la mise au point des premiers mécanismes à remontoir du début de l’époque de l’horlogerie au XIXe siècle. Le miracle des ressorts et différents engrenages permettait déjà en ce temps la mise au point de petits objets motorisés donnant vie à des scénettes, essentiellement déclinées sous forme de boites à musique. Puis, avec la réduction de taille des mécanismes insufflée par les iWatch montres à remontoir apparurent les premières formes humanoïdes mécanisées, bien souvent des poupées destinées à des familles fortunées. Ces mécanismes, primaires, ont par la suite offert toute une descendance d’objets qui se sont perfectionné jusqu’à ceux que vous connaissez actuellement. Rien de réellement intelligent si ce n’est la subtilité de leurs différents inventeurs, encore humains.

Boiler PlateBoiler Plate, légende urbaine des années 1893
d’avantage à classer avec les gadgets mythiques des Mystères de l’Ouest
(document : P. Guinan)

Avec l’invention du moteur à vapeur arrive une autre ère de l’automate. Nantis de tous ces rouages et mécanismes, le moteur offrait au-delà d’une vision de conquête et d’industrialisation l’image fantasmée d’êtres intégralement mécaniques, voir… autonomes ou  dotés de réflexion. Si les premiers automates vapeur font plus office de prototypes scientifiques que de réels objets d’amusement, reste qu’ils ont pour le moins le mérite d’exister et d’avoir ouvert la voie à toute une descendance de machines bien plus sophistiquées aujourd’hui, que ce soit pour l’industrie, les services ou l’amusement. L’invention des premières boucles logiques apparait en fait bien avant la fée électricité et les puces d’ordinateurs. Les premiers circuits pneumatiques et leurs bruyants relais sont déjà des fonctions de ce qu’on appellera bien plus tard « un langage de programmation ».

Cragstan's Mister Atomic from Kyesos private robot collection

Profilé, agressif et atomique (c’est écrit dessus !)
Mr Atomic de Cragstan est un des robots les plus atypiques créés.
Hélas, les originaux valent le prix d’une voiture et sont rarement
en état de fonctionnement, une série reproduite à l’identique
sous licence en 1993 est déjà sur les voies de tarifs déraisonnables

 

La réelle apogée de l’ère du robot vint à l’age atomique. Un assemblage presque idéal de deux images fortes, aussi bien pour épater que manipuler la masse populaire. Dans une époque de glorification des assistants mécaniques, industriels ou ménagers, il était presque évident que le fiston dispose lui aussi d’assistants pour le distraire. Contrairement à ce que l’on peut croire, ce ne sont pas les États Unis qui lancèrent ce formidable marché. A l’époque, les leaders du marché des automates étaient les Allemands, dominant largement cette spécialisation encore en friche. La seconde guerre mondiale vit l’arrêt de presque toutes les unités de productions de la planète consacrées à l’automatisme, à l’exception de Marx & Gilbert en Amérique. Et c’est cette même Amérique qui spécialisa le Japon un peu plus tard dans la fabrication d’automates, appliquant sont plan Marshall qui impliquait la réhabilitation du pays du soleil levant par la seule autorisation de créer des produits aussi modestes en taille qu’en rentabilité, histoire de les garantir inoffensifs. On sait ainsi comment évolua l’histoire avec par la suite appareils photos et radios portables, puis toute une descendance jusqu’à aujourd’hui qui associent depuis cette période origine Japonaise à gage de qualité dans les produits nécessitant minutie de conception. Les robots ont suivi le même chemin avec les premières pièces d’anthologie créées dans les années ’40 et ’50. Dans cette période, des jouets distribués aux US par Cragstan, Ideal, Marx, Mego, Rosco, peu pouvaient prétendre être fabriqués sur place. En réalité l’essentiel était assemblé au royaume Nippon par Daiya, Horikawa, Masudaya, Nomura, Yonezawa, Yoshiya. Ces noms sont depuis autant de références respectables pour les fans invétérés de créatures mécaniques.

Piston Robot by KyesosPiston Robot de Horikawa (1970)
une belle pièce utilisant intelligemment tôle et plastique
avec son système de pistons en mouvement
visible par transparence.

 

Les années 1960 voient l’avènement du tout électrique, y compris pour nos jouets mécaniques. Les engins à friction ou remontoirs adoptent tous cet étrange bouton insufflant instantanément la vie : l’interrupteur. Ce sont les Japonais qui en 1955 usent pour la première fois de l’électricité non pas pour éclairer le robot, mais pour l’animer. La performance devient rapidement une mode et c’est toute la gamme des jouets qui s’engouffrent sur cette voie révolutionnaire, au grand bonheur des premiers vendeurs de piles !

Autre nouveauté majeure propre aux années ’60 : le plastique. En une décennie, cette matière voit ses techniques évoluer à grande vitesse pour offrir des facilités de moulage et assemblage qui le rendront quasi incontournable pendant les décennies suivantes. C’est ainsi que les sixties enterrent de manière presque définitive l’ère des robots en tôle ou métal sur lesquels nous aimions tant nous couper les doigts ;).

Engine RobotEngine Robot de Horikawa (1972)
le plastique a détrôné la tôle et pourtant…

 

Crise pétrolière mi-70, le plastique est le premier à payer la facture. Toutes les matières à base d’hydrocarbures sont donc ainsi soigneusement évitées et cette décennie ne s’avère donc point marquante pour nos amis électriques. Certes, la plupart des jouets sont désormais en plastique, mais réalisés avec des critères de qualités sacrifiés sur l’autel de la rentabilité et production de masse. Une période qui de manière générale affecte l’intégralité du marché du jouet et, ne laissant place ni aux innovations ni à la créativité, demeure de celles qu’on préfère oublier.

Zoid Une situation qui aurait pu perdurer s’il n’y avait eu à l’aube des années ’80 ce « formidable robot », oui lui : Goldorak ! Un animé au succès mondial que l’on connaît et qui redonnera l’élan nécessaire à lancer toute une nouvelle génération de compagnons mécaniques. Avec leur design tout nouveau et des propriétés d’assemblage inédites, les robots sauce ’80 seront de petits chefs d’œuvres mêlant aussi bien ingéniosité technique qu’aspect particulièrement typé, voir kitsch lourdingue pour certains ratages. Curieusement, l’Europe passera un peu à côté du phénomène, notamment concernant les Zoids de Tomy par exemple, petits automates génialement animés (souvent par un simple moteur à ressort aboutissant sur plusieurs mouvements simultanés) mais curieusement peu populaires de notre côté de la planète. La quantité de modèles produits explose durant cette décennie. Le jouet-robot est en état de grâce.

Ci-dessus : robot issu de la 1ère série de Zoids (1984) dont la qualité principale
était d’utiliser un simple moteur à ressort pour combiner des mouvements multiples

Robo Getter 1 Belle pièce de collection que ce massif Getter Robo 1 de Fewture
(2006) presque intégralement en métal bien qu’articulé et offrant
une finition soignée. Une édition limitée à 1500 exemplaires dans le monde

 

Depuis 1990, le jouet robot a changé de signification. On peut dire aujourd’hui que coexistent deux catégories. Ceux destinés à de multiples tortures et autres crash tests au cours d’une invasion galactique imaginaire telle que nous aurions pu la fantasmer au même age que ce môme pas encore toxico de l’écran. Et ceux plutôt destinés à nous, « les grands gosses » (aka #Geeks ? ^^’), fabriqués avec soin et en quantités limitées pour raviver l’émerveillement en chacun face au génie humain quand il s’attache si bien à simplement distraire avec l’élémentaire de la mécanique. Dans cette dernière tranche, cohabitent 2 sous catégories : celle de la reproduction vintage d’un côté avec son lot de copies plus ou moins intéressantes et autres look-a-like qu’on espère à chaque fois plus typés, mais aussi celui des collector toys qui dans le flou le plus artistique diffuse des séries haut de gamme de robots au design résolument moderne et à la finition exceptionnelle. Dans les deux cas, ces gens en veulent autant à nos émotions qu’a notre argent, même si la saturation de médiocres reproductions Chinoises qui inondent le marché ne présente que peu d’intérêt pour le collectionneur.

Collector vintage japanese robot toySmoking Robot de Yonezawa, un rêve purement inaccessible
pour qui n’a pas au moins 2000$. Heureusement, parmi les reproductions
accessibles il en existe au moins une série très réussie.

Pour la petite histoire, vous aurez remarqué que dans la généalogie des jouets robots nous sommes passés de l’époque « Tin Robot » à « Die-Cast Robot ». Comprendre que le travail du métal est passé du pliage au moulage. Il faut savoir que dans les années 1950 la technologie du moulage était exclusivement réservée au matériel professionnel. Complexe, nécessitant une technique parfaite, il était inconcevable de sacrifier de précieux métaux pour obtenir des objets de divertissement jugés peu pratiques. Même époque ou en particulier ce Japon se remettant d’une dévastatrice seconde guerre mondiale réalisait qu’il était vital d’être aussi habile en fabrication qu’en économie. D’où l’intérêt du pliage.
Attacking MartianBeaucoup d’entre nous sont persuadés que Horikawa est le leader incontesté concernant la quantité de modèles fabriqués avec cette technique. Peut être mais Horikawa n’est finalement qu’un distributeur qui s’occupe simplement de l’image de ses produits. Dans de petits ateliers, dans des garages ou arrières cours, ici sont fabriqués les robots par des entreprises plus ou moins formelles. L’économie est nécessaire et c’est pour cela que les antiques robots du milieu du XXè siècle sont parfois un challenge à expertiser, mais pas pour les connaisseurs. Il faut savoir que créer un modèle se fait bien souvent sur une idée à partir de pièces mécaniques rachetées et « qui pourraient faire… » dans une quantité donnée disponible. Rien d’autre. L’habileté du créateur de robots se révèle donc dans sa manière « d’habiller » le modèle qui bien souvent fonctionnera sur une base commune à toute une génération de jouets. Et là, c’est la récup’ qui aura priorité. Ainsi il n’est pas rare de constater aujourd’hui en ouvrant votre ramasse-poussière préféré que tout l’intérieur du boitier métallique est recouvert d’une trace d’étiquette ou impression pour une soupe asiatique quelconque ou autre… rassurez-vous, au-delà de l’aspect cheap de l’ensemble, ce détail vous permet de certifier que vous avez probablement entre les mains un de ces authentiques robots vintage auquel désormais l’appellation « Tin Toy Vintage » peut être correctement attachée.

Ci-dessus : Attacking Martian de Horikawa (1964), modèle parmis les plus réputés
parmis les centaines de différents qu’a distribué cette maison.

Robots 11Robot 12La contre-partie avec les collections de robots ?
L’espace occupé…..
surtout par les boites !

GENESE D’UNE ROBO-MANIA

Mes robots, j’ai commencé à les accumuler autour de 1983. Très honnêtement, je n’ai jamais été foncièrement intéressé par ces tas de ferraille rouillés dont l’année d’origine permet aux prix de s’envoler. Certes, j’ai appris à les apprécier et les aimer pour certains, mais pour moi l’ancienneté ne fait pas vraiment l’intérêt. Non. Ce que je recherche dans mes robots, ce sont ingéniosité et aspect. L’ingéniosité que n’a pas forcément le dernier automate programmable Wifi en vogue quand on compare avec tout ce que peut mettre en mouvement un vulgaire moteur a ressort sur un modèle moins récent. L’aspect avec ces lignes parfois fabuleuses ou au contraire ridicules qui ont mené à plusieurs écoles dans ce domaine (robots, mechas, androïdes/gynoïdes et inclassables).

Kyesos Aphrodai Seventies

Mi-eighties, je décidais donc de me lâcher de temps à autres sur quelques produits du moment que j’estimais dignes d’intérêt, aujourd’hui comme pour demain. C’était un peu gênant d’aller traîner dans un magasin de jouets aux heures de la vingtaine, mais heureusement « le petit neveu » virtuel était déjà là pour me servir d’excuse dans les achats les plus honteux. En plus, j’y gagnais la plupart du temps un emballage cadeau rallongeant à l’excitement de l’ouverture du paquet !

Zathura Space Robot

En une dizaine d’années, les robots se sont accumulé et m’ont suivi (avec plus ou moins de pertes) dans mes quelques déménagements. De ’90 à 2000 j’ai perdu tout intérêt pour ces derniers, remisés soit dans des cartons, soit je ne sais plus où. Puis là, depuis 2005 « zouf! » c’est revenu. Je ne sais pas… peut-être le temps que les choses changent, de voir autrement ( ou juste un prétexte pour défouler un complexe psychiatrique ;)). En fait, c’est surtout le principe de se lâcher sur un univers générant assez d’attraction qui me motive je pense, en une période où j’ai beaucoup de mal à m’intéresser à quoique ce soit. Peut être pour cacher un peu aussi que ça fait un bout de temps que je dessine plus des masses… 😉

Vintage original Rover The Space Dog tin toy robot

Quoiqu’il en soit, aujourd’hui je me suis remis en chasse de modèles aptes à m’exciter un minimum. En plus de cette mission sans fin, je m’accorde aussi le plaisir de la remise en état de robots anciens qu’on aurait eu tendance à jeter à la poubelle. Peu importe la valeur, le plaisir de la découverte des astuces mécaniques à l’intérieur de chacun d’eux m’est suffisant. J’en profite d’ailleurs pour lancer un appel à tous ceux qui souhaiteraient se débarrasser de vieux robots pour me contacter. Les récupérer permettrait de remettre en marche d’autres auxquels ne manquent que quelques pièces, difficilement trouvables aujourd’hui. Voir se remettre en marche un objet inerte depuis quelques décennie est un sentiment étrange, un mélange épicé dont la seule chose certaine est l’éclate de se retrouver instantanément projeté des décennies en arrières dans l’âme de cet enfant émerveillé ouvrant l’emballage sacré. =|B-]

 

Explorer un peu plus loin :

La collection Robopolis (best of)

L’intégrale Robopolis dans Le Shop

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